Le retour du bus en centre-ville continue à faire des vagues. Alors que tout le monde semblait s’accorder sur l’objectif à atteindre, la méthode employée et les choix opérés par la Municipalité suscitent de nombreuses critiques.
Les commerçants ont frappé fort, avec un reportage diffusé le mardi 12 janvier par le 13H de TF1, présenté par l’Amiénois Jean-Pierre Pernaut. Ce reportage (à visionner en cliquant ici), qui donne la parole aux opposants à la fermeture à la circulation des voitures de la place René Goblet, a provoqué l’ire de l’Hôtel de Ville. La mairie a répliqué par un article dans le JDA (voir-ci-contre) aux cris de Que Nenni! Que pouvait-elle faire d’autre, la pauvre ?
Même si le reportage de TF1 n’est pas exempt de critiques, il reflète les préoccupations de nombreux automobilistes et commerçants Amiénois. En leur fermant la place Goblet, la Municipalité a de facto fortement limité la circulation des voitures dans l’hypercentre, puisque ce passage en représentait le point névralgique. Par ailleurs, l’accès aux parkings souterrains du Nord se fait plus difficilement puisque, s’il n’est pas nécessaire de « contourner Amiens« , il faut au minimum contourner son centre, ce qui constitue une perte de temps pour nombre de métropolitains.
La fermeture de cette place a-t-elle réellement fait l’objet d’une concertation efficace avec les commerçants et riverains du secteur ? Manifestement non, et la Municipalité a persisté dans sa stratégie consistant à tenter de satisfaire tout le monde. Les Verts voulaient la fermeture de tout l’hypercentre aux voitures. Les commerçants, quant à eux, souhaitaient le passade des voitures et des bus. Finalement, ce fut un peu des deux… Pour un résultat en demi-teinte.
Le retour des bus en centre-ville, tel qu’il a été réalisé, constituerait « une solution au plus près des attentes de chacun« , selon Thierry Bonté (Amiens Forum de décembre). Et pour d’autres ? « Du grand bazar ; une décision hâtive et mal ficelée techniquement ! » Ces propos, que l’on pourrait attribuer à l’opposition, sont tenus sur le blog d’Emilie Thérouin, adjointe verte à la sécurité. La jeune élue y relaie la position de son groupe à ce sujet. Au sein même de la majorité, la contestation couve…
La fermeture de l’ensemble du centre-ville aurait provoqué une levée de boucliers sans précédent, mais aurait indéniablement dénoté un certain courage politique. Il est temps, en effet, de s’interroger sur la place que doit occuper le véhicule individuel dans notre ville. Cet enjeu fait partie intégrante de la problématique des transports. Pas moins des trois quarts des usagers des bus amiénois ne disposent pas d’autres moyens de se déplacer. Cette clientèle, si elle disposait demain d’une voiture, n’userait plus les banquettes des bus Ametis. Diminuer l’intérêt de la voiture en ville ne rendrait-il pas nos bus plus attractifs ? Oui, à condition de disposer en premier lieu d’un réseau de transport efficace. Changer les plans de manière précipitée – ce qui s’est produit pour le retour des bus sur l’axe Beauvais-Duméril-Beauvais – n’est cependant pas le critère principal d’un réseau efficace.
Amiens manque pour l’heure d’une réelle gouvernance. Il semble en effet plus simple de critiquer l’absence d’une vision politique de la part de la Municipalité que la politique elle-même. Quant au courage, il s’efface à l’épreuve de la sacro-sainte – mais bancale – concertation municipale…
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