Tous les Amiénois rêvent d’une liaison ferroviaire à grande vitesse au départ de leur ville. Il reste du grand combat perdu des années 80 une amertume profonde, une grande frustration. Quelques minutes gagnées au profit de Lille et une situation de capitale régionale contestée avaient alors suffi à priver l’agglomération d’une ligne à grande vitesse. Définitivement?
La réalisation éventuelle du barreau Creil-Roissy, qui semble en bonne voie, fait espérer aux élus amiénois la venue régulière de rames de TGV dans notre gare. Ce projet ne verra toutefois pas le jour avant la fin de la décennie. Après des années d’allers-retours entre Amiens et Ablaincourt, nous sommes en effet devenus peu exigeants, les ambitions ayant été revues à la baisse. L’esprit combatif qui avait animé la contestation des années 80 appartient bel et bien au passé.
Le passage du TGV Nord tel qu’il avait été espéré devait être l’occasion d’un grand boom économique, voire démographique. Complémentaire d’une autoroute A24 elle aussi enterrée sous la pression nordiste, elle devait placer Amiens au coeur de l’Europe du Nord, en concurrence avec Lille.
Las. Les quelques rames TGV empruntant le futur barreau seront-elles autre chose qu’un moyen de partir en vacances ?
Malgré cette réalité, nous ne pouvons certes pas refuser d’être ainsi reliés au réseau ferroviaire à grande vitesse. C’est bien là le piège. Bien que notre maire et son équipe répètent que ce barreau ne remettra pas en cause une future ligne à grande vitesse Paris-Amiens-Calais, nous ne devons cependant pas être dupes.
Les parlementaires samariens de la majorité avaient arraché l’inscription de cette LGV dans le schéma national des infrastructures de transport (SNIT), fin 2008. Depuis, le SNIT a évolué (voir le SNIT ici). Dans la colonne « Projets à lancer après 2020« , on trouve la ligne suivante: « Ligne nouvelle Paris Amiens Calais ou ligne nouvelle Paris Calais par Rouen« . Alors même que le lancement de la ligne Paris-Normandie est prévu avant 2020, ce qui donnera un avantage certain à l’agglomération de Laurent Fabius…
Le SNIT nouvelle mouture fait également la part belle à Abbeville, assuré de bénéficier d’une LGV en cas de doublement des lignes vers Calais. Son actuel maire et futur député aura-t-il des scrupules à abandonner Amiens dans un trou noir de la grande vitesse ? N’oublions pas le rôle pour le moins controversé lors du débat sur le LGV Paris-Lille de l’ancien maire d’Abbeville Max Lejeune, que l’on soupçonna de jouer contre la capitale picarde.
L’histoire menace donc de se répéter, au profit cette fois de Rouen et Abbeville. Rappelons également que le maire et son vice-Président métropolitain aux transports soutiennent Martine Aubry en vue des primaires du PS. Celle-là même qui veut absolument que tous les usagers TGV en déplacement vers Londres ou Bruxelles passent par sa ville et a pour ancien directeur de cabinet un certain Guillaume Pépy, actuel Président de la SNCF… Lille et Rouen peuvent être rassurées, Amiens tient son barreau…
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