La politique a ses raisons que la raison ne connaît point. Chez les dirigeants socialistes, ces raisons ont pris la forme de quelques os à ronger pour leurs turbulents, mais modestes alliés Verts. En plus de quelques réacteurs nucléaires qui vaudront aux Français des factures EDF en hausse, le PS a donc accepté de sacrifier une soixantaine de circonscriptions législatives plus ou moins gagnables. Pour obtenir ces faveurs, les écologistes ont été contraints de s’asseoir sur leurs revendications les plus symboliques (fin du nucléaire, abandon de l’EPR). « A la fin, comme souvent, le « puissant » l’a emporté sur le « faible« , nous explique très bien le blog du PS amiénois (voir l’article « Les Verts préfèrent les postes à la riposte« …).
Signer un accord à Paris est beaucoup plus simple qu’en mesurer les conséquences sur le terrain. La ville d’Amiens, pour ce qui nous intéresse, est directement concernée par cet arrangement électoral et pourrait se doter d’un parlementaire écologiste. Puisqu’il fallait trouver un terrain favorable à une telle implantation dans le département, il n’est pas surprenant que la 2ème circonscription ait été choisie. On sait en effet que le vote écologiste est essentiellement – et paradoxalement – beaucoup plus urbain que rural. Le vote « bobo », en particulier, explique que les actuels députés écologistes, au nombre de quatre, aient été élus dans les agglomérations de Paris, Nantes et Bordeaux. Amiens est par ailleurs dotée d’élus en capacité de mener une campagne législative.
Cette nouvelle donne fait plusieurs heureux: Emilie Thérouin et Arnaud Caron tout d’abord, puisque l’un de ces deux élus pourrait faire son entrée au Palais Bourbon dès le mois de juin ; le député Olivier Jardé ensuite, qui préfère sans aucun doute affronter un candidat Vert sans troupes plutôt qu’un socialiste secondé par une cohorte de militants et par un parti politique autrement plus solide. Reste un malheureux dans cette histoire, qui ne se prive pas de crier à l’injustice.
Thierry Bonté, puisqu’il s’agit de lui, se voyait bien prendre la place d’Olivier Jardé. Pas de chance, son parti en a décidé autrement. Profondément vexé, le vice-président d’Amiens Métropole s’est fendu d’un post rageur sur son blog, intitulé « Législatives, une proposition inacceptable ». « Dans la 2ème, on « donne » une circonscription à un partenaire qui compte en tout et pour tout quinze militants locaux, qui plafonne à 6% dans les scrutins locaux et ne brille guère par sa présence sur le terrain« , nous explique-t-il. Rappelons que EELV est – officiellement – partie prenante de la majorité municipale… On imagine le niveau de tension régnant actuellement au sein de la municipalité !
L’accord PS-EELV suppose que des circonscriptions soient désignées un peu partout sur le territoire. On se doute que les militants PS concernés ne peuvent être enthousiastes à l’idée de s’effacer devant des écologistes qu’ils pourraient facilement dominer en cas de confrontation électorale. Les élus PS de poids parviennent sans trop de difficultés à éviter ce genre d’obstacle. Les circonscriptions récipiendaires sont donc choisies là où la capacité de résistance des élus PS est la plus faible. La municipalité amiénoise rentre dans cette catégorie.
Considérant que « les conditions de la défaite [de la gauche] sont réunies » parce que la circonscription a été laissée aux Verts, Thierry Bonté affirme ne pas vouloir participer à ces « arrangements« . Confronté à la sentence du PS, l’élu regrette peut-être de ne pas avoir persévéré dans le militantisme au sein de son ancienne famille politique : les Verts…
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