Mais qui sera donc nommé député de la première circonscription de la Somme ? Car il semble bien qu’il s’agisse là d’une nomination et non d’une élection, tant le PS considère que la victoire lui est acquise et que le nom de l’heureux « élu » n’importe pas tant pour les locaux que son étiquette. Les électeurs concernés, qui ont par le passé démontré qu’ils votaient à gauche, n’auront donc comme seule tâche que de valider le choix qui aura été fait pour eux par les plus hautes instances du PS.
Et puisque l’électeur picard est docile, pourquoi lui cacher ce ballet des ambitions, au cours duquel les appétits politiques parisiens viennent s’entrechoquer sur les bords de la Somme ?
Résumons. Il y eut d’abord Nicolas Dumont, ce maire d’Abbeville opposé au cumul des mandats sauf pour lui-même. Survint ensuite Christophe Borgel, l’apparatchik socialiste qui partit finalement pour la Haute-Garonne. On crût un temps à Jack Lang qui préféra la ligne bleue des Vosges. On parla de Vincent Peillon, l’ancien parachuté du Vimeu, qui s’était trop habitué à l’échec pour en vivre un nouveau. On évoqua Najat Vallaud-Belkacem, l’adjointe au maire de Lyon, qui redit son attachement pré-ministériel et provisoire à la capitale des Gaules (elle a depuis renoncé aux législatives pour ne pas risquer sa place au Gouvernement…). On pensait en terminer avec Faouzi Lamdaoui, le chef de cabinet de François Hollande, déjà candidat un peu partout. On devrait en finir avec Pascale Boistard, adjointe au maire de Paris, imposée par Martine Aubry.
Rappelons que les candidatures doivent avoir été déposées en préfecture avant vendredi 18 mai au soir. Cela laisse encore beaucoup de temps au PS pour nous concocter une surprise de dernière minute.
Un constat s’impose à la lecture de cette liste : aucune de ces personnalités, hormis le maire d’Abbeville, n’a de lien avec la circonscription convoitée. Aucune n’a davantage d’ambition pour ce territoire que pour elle-même. La candidate qui devrait finalement porter les couleurs socialistes n’a aucune connaissance de notre région, de nos villes, de leurs habitants. Elle ne connaît que la couleur rouge des sièges du Palais Bourbon, dont elle pense s’approcher en paradant un mois chez nous. Un mois, c’est tout, avant de retrouver pour de bon la vie parisienne et les salons de la rue de Solférino.
Dans une circonscription où les difficultés sociales contribuent au rejet du politique, il n’en faudrait pas tant pour conforter un vote de protestation. Là où l’exaspération s’incarnait autrefois dans la personnalité attachante mais caricaturale de Maxime Gremetz, cette scénette politique ridicule pourrait cette fois orienter l’électeur vers l’extrême.
Les dirigeants du PS considèrent que ces braves picards de la première circonscription enverront à coup sûr l’un de leurs cadres au Palais Bourbon. Sauf qu’ils ne l’ont plus fait depuis 1988. Sauf que ces braves et dociles picards n’aiment pas ce qui ressemble à de la condescendance. Sauf qu’ils ne sont pas si bêtes qu’on semble le penser en hauts lieux.
Alors, le 10 juin, face à l’adjointe au maire de Paris qui sera en représentation unique en province, votons pour notre territoire, votons pour notre ville. Que vos préférences aillent vers Lyacout Haïcheur, Stéphane Decayeux, Fiodor Rilov, Jean-Claude Renaux ou Salwa Barjoud, votons contre cette comédie politicienne.
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