Une ville, c’est d’abord une addition de maisons et d’immeubles, de commerces et d’usines. C’est aussi une agrégation d’habitants qui ont choisi de mettre en commun leur destin pour se doter d’équipements utiles, pour mêler les savoirs et les cultures, pour créer de l’activité et de l’emploi. C’est également un lieu d’expression, d’innovations, d’expérimentations, où la richesse se mesure moins au niveau de revenu moyen qu’à la capacité à anticiper et à susciter la création.
Le 18 décembre 2012, le Président d’Amiens Métropole a officialisé le choix du tramway pour donner un nouveau visage à notre ville à l’horizon 2018-2019. Un choix sans surprise, conforme à ses multiples discours sur le sujet depuis cinq ans, conforme à l’ensemble de la politique menée par cette municipalité depuis mars 2008, mélange de conformisme et de consensualisme, de suivisme et de minimalisme.
Le maire qui voulait privilégier l’homme au béton durant sa campagne municipale aura donc, au cours du même mandat, lancé le chantier de la citadelle et celui du tramway. Douce ironie à mettre en perspective avec l’échec des politiques de logement, de sécurité, de culture, etc. Il faut bien alimenter le futur bilan qui sera présenté aux Amiénois en 2014, et quoi de plus beau qu’un tramway comme étendard de campagne ?
Le tram est présent dans toutes les grandes agglomérations françaises, on nous l’a suffisamment répété. Il est moderne, change la ville et le rapport de ses habitants avec le transport en commun. Il est une publicité pour l’extérieur, une vitrine pour le centre-ville. Mais le tram coûte cher, immensément cher. Innovation présentée comme indispensable, il en est également devenu commun, instrument de légitimation de cités qui jalousent leurs voisines.
Pour être et rester une capitale régionale digne de ce nom, il faut donc un tramway à 200 millions d’Euros, lancé au beau milieu d’une crise budgétaire et sociale. Ou plutôt une ligne de tramway du Nord au Sud. Une fois les premières rames sur les rails, la Métropole endettée pour des générations, il faudra d’ailleurs expliquer aux Amiénois de l’Est, de l’Ouest du Sud-Est, exclus de tous les tracés envisagés, que leur tour viendra à la faveur d’une deuxième ligne. Il faudra ensuite défendre l’installation de caténaires quand tout le monde imagine l’alimentation par le sol. Il faudra répondre aux déçus qui attendent le tram de Paris, Nice ou Bordeaux. Le prestige oui, mais low-cost.
Pendant ce temps, les trajets en bus sont de moins en moins sûrs, les rapports sociaux au sein d’Ametis sont délétères et les grèves se multiplient, sous le regard « excédé » d’un maire qui se dit impuissant. Sans surprise, le réseau continue à perdre des voyageurs. La mairie a échoué dans ce domaine comme dans les autres depuis 2008, espère-t-elle nous faire croire au miracle avec le tram ?
Il ne faut plus suivre et copier des solutions qui ne correspondent pas aux particularités d’Amiens. Notre ville a démontré par le passé qu’elle savait être un modèle, qu’elle pouvait être copiée au lieu de copier. Le courage politique, ce n’est pas de lancer des projets qui flattent l’ego des Amiénois parce qu’ils ont connu le succès ailleurs. C’est bien plutôt de heurter avec des ambitions novatrices qui interrogent, qui font débat, mais qui conduiront à ce que, demain, Amiens sera un modèle plutôt qu’une ville quelconque qui a fait son tram comme tout le monde.
Monsieur le Maire, laissez les Amiénois décider du chemin que doit emprunter leur ville. Une vague concertation réunissant 50 habitants ne suffit pas. Il nous faut un referendum local sur cette question.
En attendant cette indispensable consultation, bonne année 2013 à tous ! C’est reparti…
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