Au lendemain de l’élection présidentielle, le maire nous a gratifié d’un éditorial à l’enthousiasme débordant dans Amiens Forum qu’il est particulièrement cocasse de redécouvrir aujourd’hui.
Comme le jour avait succédé à la nuit en mars 2008, la générosité et le bon sens semblaient avoir triomphé du diktat et de l’injustice en mai 2012. Gilles Demailly, qui a déjà démontré ses qualités de visionnaire, ne doutait alors pas de l’avenir. Nous pouvons aujourd’hui affirmer qu’il aurait dû.
Extrait : « François Hollande a annoncé la garantie du niveau de dotation de l’Etat pendant les cinq ans à venir ». Quoi de plus normal que le nouveau président socialiste qui a, comme lui, entonné la rengaine du désengagement de l’Etat depuis 2008 tienne cette promesse ? Sauf qu’il s’est produit tout le contraire, le Gouvernement annonçant il y a quelques jours une baisse de 4.5 milliards de ces mêmes dotations d’ici à 2015. « Un recul historique des dotations risquant de conduire à une réduction des investissements locaux porteurs d’emplois » pour l’Association des maires des grandes villes de France (AMGVF), au moment où viennent s’ajouter aux charges des communes la réforme des rythmes scolaires et la hausse des taux de TVA décidées par François Hollande. Rappelons que Gilles Demailly est membre de l’AMGVF…
L’euphorie de la victoire présidentielle laissait pourtant entrevoir des lendemains socialistes qui chantent ! Gilles Demailly : « Très rapidement, parce que cela fait partie de ses dossiers urgents, le Président prévoit d’établir un pacte de confiance avec les collectivités, à travers un nouvel acte de décentralisation ». Dans le vocabulaire socialiste, « dossier urgent » n’est que trop souvent l’abréviation de l’expression « dossier pas très urgent ». La preuve : à Amiens, le logement et les transports constituaient des dossiers urgents au début du mandat de Gilles Demailly… Le fameux pacte de confiance n’a bien entendu été rédigé que dans les discours de campagne du candidat Hollande.
Quant au nouvel acte de décentralisation, un texte a été présenté à l’Association des maires de France (AMF), qui y a vu « un recul manifeste des libertés locales » et « une vision technocratique, hiérarchisée et verticale de l’action publique qui laisse peu de place à la subsidiarité et ne tient pas compte de la réalité ou de la diversité des territoires ». Sans doute pas ce qu’imaginait le maire d’Amiens, quand il affirmait que l’élection de François Hollande offrait « de nouvelles perspectives aux collectivités locales » et que le nouveau Chef de l’Etat entendait « reconsidérer [leur] rôle dans le paysage français ».
L’enthousiasme du maire socialiste à l’écoute des discours du candidat Hollande a laissé place à un grand silence du côté de la mairie d’Amiens. C’est vrai qu’on voit mal la municipalité socialiste dénoncer une politique plus dure à l’égard des collectivités que sous l’ère Sarkozy. Même si c’est la vérité…
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