Sa campagne est lancée. Marie-Noëlle Lienemann a confirmé au Courrier Picard ses ambitions électorales : elle devrait être candidate face à Olivier Jardé lors des prochaines élections législatives.
L’ancienne ministre de Pierre Bérégovoy puis de Lionel Jospin dispose d’atouts. Elle peut compter sur une relative notoriété, dont elle se prévaut déjà : « Les camarades de la section Jean-Jaurès (…) avaient besoin de quelqu’un de costaud politiquement ». Sarah Thuilliez, qui fut la candidate PS de 2007, appréciera. Marie-Noëlle Lienemann peut en outre compter sur des appuis bien placés. Elle ne se serait pas lancée dans une telle bataille sans avoir des assurances rue de Solférino.
L’ancienne Secrétaire d’Etat au Logement, dont j’ai déjà évoqué le cas en juin dernier (l’article ici), dispose toutefois de nombreux points faibles, au premier rang desquels figure sa réputation d’éternelle parachutée.
Elle se dit aujourd’hui « contre le cumul des mandats ». Déclaration bien opportune pour une politicienne ayant occupé tous les mandats possibles et imaginables : députée européenne à trois reprises, ministre deux fois, conseillère municipale, maire, conseillère générale, conseillère régionale et députée. Elle fait partie de cette caste politique qui ne tient pas en place, ou qui ne tient pas sa place, récupérant ici ce qu’elle a perdu là. Au cours de ses multiples migrations politiques, Madame Lienemann est parvenue à se faire élire dans trois communes (Athis-Mons, Massy, Hénin-Beaumont) et deux régions (Ile-de-France et Nord-Pas-de-Calais) différentes. En mai 2009, elle siégeait encore au Conseil municipal de Hénin-Beaumont, avant de démissionner. Marie-Noëlle Lienemann n’est pas une cumularde, mais une collectionneuse.
Malgré sa bonne volonté, elle ne connaît pas Amiens et la circonscription qu’elle convoite. « Dans cette région, les gens sont attachants et souvent de condition modeste ». Phrase qu’elle a pu utiliser dans chacune des régions qu’elle a visitées. « Ils ont besoin qu’on les défende ». Ils ne le sont donc pas aujourd’hui par Gilles Demailly et les autres… « Dans les régions qui sont confrontées aux difficultés industrielles, il faut prendre garde à la montée du FN ». Si Madame Lienemann était Amiénoise, elle saurait que le FN a dû se contenter de 4,98% des voix dans la circonscription d’Olivier Jardé en 2007. La Somme n’est pas le Pas-de-Calais…
Nul doute par ailleurs que son arrivée provoquera des tensions au sein du PS local, déjà durement éprouvé par les approximations de l’équipe Demailly. Le maire ne devra quant à lui pas douter que l’élection (hypothétique) de Madame Lienemann comme députée de la Somme annihilerait pour de bon son influence locale et – si elle existe – nationale.
Je ne peux imaginer que les Amiénois acceptent un parachutage aussi grotesque. Notre ville n’est pas coutumière du fait et ne doit pas le devenir. Marie-Noëlle Lienemann vient chercher un mandat à l’Assemblée nationale, et rien d’autre : « je commencerai à être présente [sur le terrain] activement dès la fin de l’année ou début 2011 ». Certaines personnalités Amiénoises de gauche n’ont pas attendu de telles perspectives électorales pour y être et doivent désormais serrer les dents.
« Je ne suis pas une parachutée » affirme Marie-Noëlle Lienemann dans une déclaration reprise en titre par le Courrier Picard. Elle nous fait rire et c’est déjà ça…
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