C’est écrit en gros et en rouge, en page 5 du JDA daté du 13 mars : « Le tramway n’entraînera pas une augmentation des impôts des ménages ». L’auteur de cette affirmation bien hasardeuse n’est autre que Jacques Lessard, le vice-président de la Métropole chargé des finances. Voilà qui va rassurer l’Amiénois : le tram va tomber du ciel, comme un cadeau fait à la population par une municipalité aux petits soins. Lessard de s’enflammer : « 2018 : le tramway, 2020 : le TGV, la présence renforcée de l’université dans le centre-ville [projet citadelle] et un hôpital flambant neuf ». Tout cela sera tellement indolore pour les ménages amiénois qu’on attendrait presque un nouveau stade de 80.000 places, un téléphérique Longeau-Amiens et les JO en 2028 !
L’avantage avec la gauche, c’est que ce sont toujours les autres qui paient. Les entreprises d’abord, soumises au versement transport (VT), qui est annoncé comme la principale source de financement. Un VT déjà au plus haut, qui est passé de 1.6% à 1.8% au mois de septembre dernier et est annoncé à 2% pour 2015 (voir France Bleu). Encore de quoi réjouir les investisseurs potentiels ! Rappelons également que le premier contributeur privé n’est autre que … Goodyear, qui verse chaque année 500.000€ de VT à la métropole. Une somme qui a malheureusement toutes les chances de s’envoler. « Cela ne remettra pas en cause les projets que nous avons lancés. Mais ce sera plus difficile, c’est sûr », selon Gilles Demailly, interrogé par Le Monde.
Plus difficile, cela ne semble pas être l’opinion de Jacques Lessard, qui se félicite de disposer de l’un des meilleurs VT de France. La qualité du réseau de bus actuel démontre d’ailleurs qu’il est mis à profit…
Alors que François Hollande et son équipe réduisent drastiquement les dotations de l’Etat et appellent les collectivités à faire des économies, la municipalité croit pouvoir atteindre 50 millions d’Euros de subventions. Aucune certitude donc sur la participation de l’Etat, qui se débat avec la pire situation économique qu’ait connu notre pays depuis la guerre.
Le problème avec la gauche, c’est que ce qui est dit aujourd’hui peut ne plus avoir beaucoup de valeur demain. Hollande ne voulait pas augmenter la TVA en juin, il l’a fait à l’automne. Ses ministres défilaient contre la réforme des retraites en 2010, ils s’apprêtent à allonger la durée de cotisation pour 2015. Le Gouvernement annonçait la fin de la baisse des dotations pendant l’été, il l’a accéléré en février. Jacques Lessard promet aujourd’hui que les impôts n’augmenteront pas… Et demain ?
Non seulement cet investissement, qui en appelle un autre (une seconde ligne de tram), risque d’alourdir les impôts des Amiénois, déjà étouffés par le Gouvernement, mais il pourrait empêcher tout autre projet de voir le jour pendant des années ! Qui plus est, il faudra bien l’entretenir, ce tram, une fois qu’il aura été construit et ces dépenses s’additionneront au remboursement des travaux!
Il faut dire qu’une campagne électorale, quand on a échoué sur toute la ligne, peut être sauvée en suivant une recette toute simple : mettre en scène la promesse d’un beau tramway tout neuf, distillée chaque mois sous une forme différente. Un tram dont ni le coût, ni les travaux ne seront supportés par les Amiénois durant la campagne. Et voilà le travail !
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