La rue Jules Barni et la chaussée Jules Ferry constituent la principale « pénétrante » d’Amiens. Cet axe est emprunté par une grande partie des automobilistes qui souhaitent rejoindre le centre-ville. Il est également sur le point de devenir le symbole des inconsistances de la majorité municipale.
La communication de la Ville, tout d’abord, a été défaillante, comme d’habitude. La plupart des commerçants, qui devront subir les lourds désagréments des travaux qui s’annoncent, n’ont appris l’existence du projet que par la rumeur. La presse régionale s’est ensuite fait l’écho des intentions de la mairie, avant même qu’une quelconque démarche d’information n’ait été entreprise envers les riverains.
La concertation, ensuite, semble biaisée. La codécision riverains/Mairie, brandie comme programme politique (nous en avons déjà abondamment parlé), se heurte ici à un autre dogme municipal : le bus. La Ville a clairement indiqué sa préférence pour le passage à deux voies de circulation pour le transport en commun : « il faut se faire à l’idée qu’il y aura deux voies en double sens, spécifiques aux bus », a lâché Thierry Bonté au Courrier Picard le 25 novembre (article ici). Le 14 décembre, toujours dans la presse régionale, la mairie indiquait pourtant que « rien n’est joué » sur ce point… Quoi qu’il en soit, cette orientation ne laissera que peu de marge de manoeuvre à ceux qui voudront influer sur le projet, qui s’apparentera sans doute aux réalisations de la route d’Abbeville.
Enfin, et c’est là le principal, la Municipalité a fait l’impasse sur une phase clé d’une réalisation qui devrait tout de même dépasser les 4,4 millions d’euros. Cette phase, c’est la réflexion sur l’opportunité d’un tel projet, tout simplement… L’équipe Demailly nous avait pourtant ressorti l’argument massue : les bus roulent trop lentement sur cet axe stratégique, ce qui handicape leur attrait : « La vitesse commerciale des bus est très mauvaise, c’est trop dissuasif » (CP 14/12). Est-ce la réalité ? Si oui, dépenser 4,4 millions d’euros pour créer deux voies de bus est-il indispensable ?
Deux études « empiriques« , menées d’abord par Brigitte Fouré puis par un couple de riverains, tend à démontrer que la situation n’est pas aussi catastrophique que veut bien le dire la mairie. La dernière, relayée par le Courrier le 14 décembre, évoque une vitesse moyenne de 25 à 27 km/h sur l’axe, ce qui n’est pas scandaleux.
D’autres solutions existent pourtant, qui limiteraient les désagréments pour les riverains et, à terme, les automobilistes, tout en améliorant les performances des lignes de bus sur cet axe. Du bas de la chaussée Ferry à la gare, il y a 2.200 mètres pour 10 arrêts de bus. En moyenne, personne ne peut donc se trouver à plus de 110 mètres d’un arrêt, ce qui semble bien peu. En réduisant tout simplement le nombre de ces arrêts, le temps gagné sur le trajet serait bien plus significatif qu’un gain de quelques km/h sur des voies réservées…
Nos édiles prendront-ils le prétexte de la concertation pour se sortir d’un projet déjà mais mal ficelé ?
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